Perdus à Pékin
Lost in Beijing, vous avez certainement entendu parlé de ce film ou lu quelque chose au sujet de ce film (notamment sur le blog, lors de la série sur le cinéma...). Si le film de Lu Yi a fait autant parler de lui en Chine et ailleurs, c'est une nouvelle fois par l'intermédiaire de la censure des cinémas chinois. Le film avait d'abord été autorisé et diffusé en salle, puis après une présentation au Festival de Berlin qui n'avait pas plue aux autorités, il avait été retiré des écrans car attaqué pour pornographie, ce qui est très exagéré. Aujourd'hui, Pingguo (le nom chinois, 苹果 : "pomme", le nom de l'héroïne centrale) est disponible chez tous les bons vendeurs de DVD. Je l'ai vu il y a quelques semaines déjà, mais il me semblait que c'était une bonne conclusion de ces articles consacrés à Pékin. De quoi s'agit-il au final ?
Il s'agit d'un film intéressant assurément. Certains passages parleront plus à ceux qui vivent ou ont vécu à Pékin, comme les travellings du côté de Chaoyang, avec toutes ces tours de bureaux et ses grandes avenues impressionnantes. Mais tout le monde, initié ou non à la capitale chinoise, peut apprécier ce film à sa juste valeur, car le sujet principal est la vie chaotique d'habitants un peu déboussolés dans cette Chine qui change sans cesse.
Le personnage principal, Pingguo (jouée par Fang Bingbing, qui a le même prénom que moi ;-)), est une jeune femme qui travaille dans un grand salon de massage. Autour d'elle, sa bonne copine, un peu déjantée, et son mari, An Kun, qui est laveur de carreaux sur les façades des grands buildings pékinois. Le couple mène une vie sans éclats et sans histoires, sans avoir beaucoup d'argent non plus. Le patron de Pingguo, Lin Dong, est quand à lui un de ces nouveaux riches chinois, qui parade dans sa Mercedes et entretient des étudiantes prostituées, en veillant toutefois à ce que la réputation de son salon de massage reste intacte. Son couple en revanche est en perdition, mais Wang Mei, sa femme, aurait légalement droit à une grosse pension en cas de divorce.
L'élément perturbateur arrive : la copine de Pingguo, également employée dans le même salon de massages, est renvoyée après un problème avec un client. Elle et Pingguo vont boire ensemble pour oublier. Pingguo est bien soûle en reprenant le travail, à tel point qu'elle s'effondre dans un canapé. Monsieur Lin, en passant par là, en profite pour la violer. Au même moment, An Kun voit la scène depuis l'autre côté de la vitre qu'il nettoie ! Il enrage, mais Pingguo et lui ne peuvent rien contre le patron tout puissant, que personne n'osera contredire. An Kun choisit alors de vendre la mèche auprès de la femme de Monsieur Lin. Ils décident d'ailleurs de se venger de l'adultère de leur côté.
Mais le vrai problème intervient lorsque Pingguo découvre qu'elle est enceinte. Mais qui est le père ? Pingguo souhaite avorter, ce qui est interdit en Chine, mais An Kun la convainc de garder le bébé, qui est peut-être le leur après tout... De son côté, Monsieur Lin, qui n'arrive pas à avoir d'enfant avec sa femme, espère qu'il s'agit bien de son enfant. Il propose alors au couple brisé d'attendre la naissance, de faire un test de paternité, et dans le cas où il est le père, il donne cent vingt mille yuan à An Kun et Pingguo pour garder l'enfant, alors que dans le cas où An Kun est le père, il laisse le couple tranquille pour toujours. Sauf que cent vingt mille yuan, c'est une sacrée somme, qui tourne vite à la tête de An Kun, le père biologique de l'enfant. Il corrompt le médecin pour trafiquer l'acte de naissance et donner l'enfant à Monsieur Lin.
Pingguo s'installe chez Monsieur Lin pour nourrir l'enfant les premiers mois. Mais An Kun et Wang Mei ont un autre projet en tête, faire en sorte que Monsieur Lin et Pingguo aient de nouvelles relations extra-conjugales pour que Wang Mei obtienne la pension de divorce et qu'ils se partagent le pactole. Je vous laisse en plein suspense, afin de ne pas dévoiler les derniers rebondissements du film pour ceux qui vont le regarder très bientôt. Je vous ai donné suffisamment de détails pour aborder les questions que soulève le film : adultère, hiérarchie, avortement, argent, corruption, perte de repères, individualisme, inégalités, stress urbain sont autant de thèmes sensibles traités dans ce film, parfois tragique, parfois comique, et surtout plutôt bien mené.
Car il est vrai que les bouleversements de Pékin et de ses habitants sont intelligement montrés. On comprend aisément que certains soient déboussolés. Mais grâce à cette dizaine d'articles sur les monuments et la vie de Pékin qui s'achève ici, j'espère que vous n'êtes plus tout à fait "lost in Beijing".
Il s'agit d'un film intéressant assurément. Certains passages parleront plus à ceux qui vivent ou ont vécu à Pékin, comme les travellings du côté de Chaoyang, avec toutes ces tours de bureaux et ses grandes avenues impressionnantes. Mais tout le monde, initié ou non à la capitale chinoise, peut apprécier ce film à sa juste valeur, car le sujet principal est la vie chaotique d'habitants un peu déboussolés dans cette Chine qui change sans cesse.
Le personnage principal, Pingguo (jouée par Fang Bingbing, qui a le même prénom que moi ;-)), est une jeune femme qui travaille dans un grand salon de massage. Autour d'elle, sa bonne copine, un peu déjantée, et son mari, An Kun, qui est laveur de carreaux sur les façades des grands buildings pékinois. Le couple mène une vie sans éclats et sans histoires, sans avoir beaucoup d'argent non plus. Le patron de Pingguo, Lin Dong, est quand à lui un de ces nouveaux riches chinois, qui parade dans sa Mercedes et entretient des étudiantes prostituées, en veillant toutefois à ce que la réputation de son salon de massage reste intacte. Son couple en revanche est en perdition, mais Wang Mei, sa femme, aurait légalement droit à une grosse pension en cas de divorce.
L'élément perturbateur arrive : la copine de Pingguo, également employée dans le même salon de massages, est renvoyée après un problème avec un client. Elle et Pingguo vont boire ensemble pour oublier. Pingguo est bien soûle en reprenant le travail, à tel point qu'elle s'effondre dans un canapé. Monsieur Lin, en passant par là, en profite pour la violer. Au même moment, An Kun voit la scène depuis l'autre côté de la vitre qu'il nettoie ! Il enrage, mais Pingguo et lui ne peuvent rien contre le patron tout puissant, que personne n'osera contredire. An Kun choisit alors de vendre la mèche auprès de la femme de Monsieur Lin. Ils décident d'ailleurs de se venger de l'adultère de leur côté.
Mais le vrai problème intervient lorsque Pingguo découvre qu'elle est enceinte. Mais qui est le père ? Pingguo souhaite avorter, ce qui est interdit en Chine, mais An Kun la convainc de garder le bébé, qui est peut-être le leur après tout... De son côté, Monsieur Lin, qui n'arrive pas à avoir d'enfant avec sa femme, espère qu'il s'agit bien de son enfant. Il propose alors au couple brisé d'attendre la naissance, de faire un test de paternité, et dans le cas où il est le père, il donne cent vingt mille yuan à An Kun et Pingguo pour garder l'enfant, alors que dans le cas où An Kun est le père, il laisse le couple tranquille pour toujours. Sauf que cent vingt mille yuan, c'est une sacrée somme, qui tourne vite à la tête de An Kun, le père biologique de l'enfant. Il corrompt le médecin pour trafiquer l'acte de naissance et donner l'enfant à Monsieur Lin.
Pingguo s'installe chez Monsieur Lin pour nourrir l'enfant les premiers mois. Mais An Kun et Wang Mei ont un autre projet en tête, faire en sorte que Monsieur Lin et Pingguo aient de nouvelles relations extra-conjugales pour que Wang Mei obtienne la pension de divorce et qu'ils se partagent le pactole. Je vous laisse en plein suspense, afin de ne pas dévoiler les derniers rebondissements du film pour ceux qui vont le regarder très bientôt. Je vous ai donné suffisamment de détails pour aborder les questions que soulève le film : adultère, hiérarchie, avortement, argent, corruption, perte de repères, individualisme, inégalités, stress urbain sont autant de thèmes sensibles traités dans ce film, parfois tragique, parfois comique, et surtout plutôt bien mené.
Car il est vrai que les bouleversements de Pékin et de ses habitants sont intelligement montrés. On comprend aisément que certains soient déboussolés. Mais grâce à cette dizaine d'articles sur les monuments et la vie de Pékin qui s'achève ici, j'espère que vous n'êtes plus tout à fait "lost in Beijing".