Le dernier habitant de la Cité Interdite

Publié le par Valentin Chaput

Dernier volet sur la Cité Interdite, l'incroyable histoire de Puyi, le dernier Empereur de Chine (1908-1912). Pour raconter ces événements historiques, je pars du film de Bernardo Bertolucci The Last Emperor (末代皇帝). Je vous conseille bien sûr de voir ce film, qui a récolté neuf Oscars en 1988, afin de retrouver de très beaux plans de la Cité Interdite, mais également d'avoir un aperçu de l'Histoire chinoise au XXe siècle, à travers le destin d'un homme auquel son titre a conféré une vie peu ordinaire.

undefined
Puyi monte sur le trône en 1908 alors qu'il n'a pas encore trois ans. L'Impératrice douairière Cixi vien en effet de décéder, et Puyi, en tant que petit-neveu de l'Impératrice, est l'héritier héréditaire. Il est donc arraché à sa mère et installé dans la Cité Interdite. Il n'aura toutefois pas le temps de profiter de son pouvoir car dès 1911, la Révolution républicaine renverse la dynastie impériale mandchoue des Qing, qui régnait en Chine depuis 1664 ! Je pense revenir sur ces passages centraux de l'Histoire plus tard, donc je ne m'y attarde pas ici. En 1912, âgé de six ans, Puyi abdique. Son entourage obtient pourtant qu'il reste à l'intérieur de la Cité Interdite. Il n'en sortira pas une seule fois avant 1924 ! Pendant cette période, Puyi reçoit l'enseignement d'un précepteur britannique, Reginald Johnston (Peter O'Toole dans le film), qui l'ouvrira à la connaissance de l'Occident et lui donnera un nom anglais : Henry. C'est aussi à ce moment que "Henry" Puyi (joué par John Lone à l'âge adulte) se marie avec Wan Jung/Elizabeth (Joan Chen).

Puyi est curieux du monde qui l'entoure, mais, bien qu'il n'ait plus aucun pouvoir politique, son statut l'empêche de sortir de l'enceinte de la Cité Interdite. En 1924, il est chassé du Palais impérial par un coup d'Etat militaire. Assigné à résidence, il sera protégé par la diplomatie japonaise à Pékin puis Tianjin. Il n'est donc pas étonnant de le voir accepter de devenir Empereur du Manchukuo (la Manchourie, la région du nord-est de la Chine) quelques mois après l'invasion japonaise de 1931. Son titre sera une fois uniquement symbolique, mais explique l'image de traître que les nationalistes lui donneront.

puyi.jpg
Puyi, à l'époque de l'Occupation japonaise, lorsqu'il a le titre honorique d'Empereur du Machukuo.

Après avoir été détenu en URSS après la reddition japonaise, Puyi est renvoyé en Chine en 1950. Mais que de bouleversements par rapport à la Chine dont il est symboliquement le "Seigneur pour Dix Mille Ans" quarante années plus tôt ! Les Communistes viennent de prendre le pouvoir, et font incarcerer Puyi et ses proches dans un centre de rééducation idéologique du nord-est de la Chine. Après neuf ans d'emprisonnement, Mao lui accorde la grâce. Puyi est désormais marqué par l'âge et les épreuves, et il devient un simple jardinier de la ville de Pékin. Symboliquement, il deviendra membre d'une instance du PCC de 1964 à sa mort en 1967. Peu d'Empereurs auront connu pareille évolution !

Le film m'a semblé un peu long, mais c'est sûrement parce qu'il est très dense, et que l'on se perd parfois un peu entre les époques de la vie de Puyi, puisqu'il raconte son existence à un chef de sa prison de redressement sous forme de flashbacks successifs. Néanmoins, il y a de très beaux passages. J'ai trouvé que la scène où Puyi, cinquante ans après, revient en tant que simple citoyen visiter la Cité Interdite désormais ouverte au public est assez émouvante. L'idéal étant bien sûr de combiner le visionnage du film avec une visite du site, ce que nous avons eu la chance de faire.

Publié dans Cinéma chinois

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article