La Cité pourpre impénétrable

Publié le par Valentin Chaput

La présentation de la Cité Interdite se fera en deux parties : tout d'abord, la Cité vue de l'extérieur dans son imposante majesté, puis la Cité à l'intérieur des remparts, ses trésors et ses histoires. Commençons par une vue d'ensemble :

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Rappelez-vous de l'article sur la dynastie mongole des Yuan au XIIIe siècle (cf. premier blog), et notamment de la décision de Kubilai Khan de placer sa capitale à Pékin, qui n'avait pas encore ce nom là à l'époque. Il faudra encore attendre la dynastie suivante, celle des Ming, pour que la ville s'impose définitivement comme capitale de l'Empire. Yongle, troisième Empereur Ming, lança des travaux colossaux pour bâtir un palais à la hauteur. Certainement comparable aux travaux titanesques sur les pyramides égyptiennes, la construction du palais impérial dura plus de douze ans et nécessita deux cent mille personnes ainsi que des matériaux acheminés sur des milliers de kilomètres depuis les confins de l'Empire ! Les travaux sont achevés en 1420. Depuis lors, seuls certains bâtiments ont été ajoutés ou reconstruits à cause d'incendies, mais la structure d'ensemble n'a pas bougé.

La zone du palais au sens large s'étend au centre de Pékin sur un peu moins d'un kilomètre de large et près de trois kilomètres de long si l'on compte à partir de la porte Tian'An Men. Cela explique en partie les gros problèmes de trafic à Pékin, car aucun passage nord-sud ou est-ouest ne traverse l'enceinte, qu'il faut donc contourner obligatoirement. La Cité elle-même fait 750m de large et environ 1km de long. Pour bien situer le cadre, rappelons qu'au sud se trouve la Place Tian'An Men, déjà immense et pourtant bien petite sur la carte comparée à la Cité Interdite. A l'ouest se trouvent des lacs, jusqu'à Beihai au nord-ouest de l'enceinte puis Houhai plus au nord. L'est conduit à la Chine du business, symbolisée par l'avenue Wangfujing, et plus loin, les tours de bureaux du centre d'affaire. Au nord, les Empereurs ont placé une protection géomancienne pour leur Cité, en faisant ériger la Colline du Charbon (ou "Montagne de la Contemplation" en Chinois, 景山) avec la terre retirée de l'aménagement des douves. C'est depuis cette Colline que sont prises ces deux premières photos, sur les célèbres toits de la Cité Interdite.

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Les toits de la Cité Interdite depuis la Colline du Charbon au nord.

Malgré le smog pékinois que nous avons eu ce jour-là (contrairement au jour de la visite à l'intérieur de la Cité), vous pouvez remarquer une frappante symétrie autour d'un axe central nord-sud marqué par les bâtiments les plus hauts et les plus larges (et par conséquent les plus importants). L'organisation et la hiérarchisation de l'espace restent très traditionnelles, mais à une échelle démesurée. Sur cet axe nord-sud, on note six grands bâtiments. Les trois premiers en entrant par le sud sont les bâtiments officiels de représentation de l'Empereur, les trois autres étaient réservés à la vie privée. A l'ouest et à l'est ont été placés les bâtiments annexes, puis toutes les résidences et les différents petits temples et palais. Au maximum, dix mille personnes travaillaient à la cour impériale, au sein de la Cité Interdite. Au centre se trouve toujours une cour. Cela reprend donc l'habitat traditionnel pékinois, le siheyuan, avec une cour carrée (ou plusieurs suivant la richesse du propriétaire) au centre de la résidence, divisée entre les pièces d'accueil au sud, les appartements privés au nord et toutes les autres activités de la maison releguées sur les côtés.

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La Tour nord-est du mur des remparts.

Mais ces centaines de bâtiments ne constituent pas tout le plan de la Cité Interdite, car on trouve aussi quelques espaces verts et une rivière intérieure, qui est en fait un canal qui part du nord-ouest puis ressort au sud-est en passant par l'angle sud-ouest. La Cité est ensuite protégée par une muraille de sept mètres de haut, hérissées de quatre tours aux quatres coins, puis par des douves d'une soixantaine de mètres de large, l'aspect défensif n'étant pas pour autant négligé.

undefinedCoucher de Soleil sur la Porte nord et les douves encore partiellement gelées.

Après cette petite présentation d'ensemble, et avant de rentrer à l'intérieur de cette fascinante et mystérieuse Cité dans le prochain article, un petit point sur le nom de "Cité Interdite". Cette appelation de Forbidden City semble venir des colons étrangers, fascinés par cette immense ville fermée au coeur de la capitale chinoise. Ce nom reprend toutefois celui que l'on retrouve généralement dans les textes chinois (zijing cheng, 紫荆成) qui rajoute une précision d'importance : la couleur pourpre des murs, symbole de la supériorité de l'Empereur. Pourtant aujourd'hui, tous les Chinois connaissent la Cité Interdite sous le simple surnom de Gugong (故宫, le "Vieux Palais").

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Rejoignons désormais la Porte de la Paix Céleste (天安门, Tian'An Men) au sud du palais. Franchissons le flot de touristes en évitant les vendeurs de gadgets et attendons devant la Porte du Midi (午门, Wu Men), véritable entrée de la Cité Interdite, pour une découverte de l'intérieur dans le prochain article.

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Publié dans Pékin

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A
Pas aussi belles que mes photos mais bon...:-)
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